Le passage classique de la Bible cité pour apporter la preuve que la portée de l'expiation est limitée est Jean 10. Dans ce chapitre, Jésus utilise les pratiques pastorales du Proche-Orient ancien comme métaphore de ses relations avec ses disciples. Cette métaphore parle du berger qui appelle les brebis qui lui appartiennent, et celles-ci prêtent l'oreille à lui et le suivent, alors que les brebis qui ne lui appartiennent pas ignorent tout le monde sauf la voix de leur propre berger. Dans ce contexte, Jésus énonce : « Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent (...) et je donne ma vie pour mes brebis. » Il dit aussi aux pharisiens qu'ils ne croient pas car ils ne font pas partie de ses brebis. Il continue : « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. » Puisque les calvinistes, et presque tous les chrétiens, croient que tous n'obtiennent pas la vie éternelle avec Dieu, les calvinistes concluent qu'il n'y a que deux possibilités : soit Jésus avait tort lorsqu'il disait qu'il ne perdrait aucune de ses brebis (hypothèse qu'ils rejettent), soit Jésus n'a pas sacrifié sa vie pour tous, comme selon eux le chapitre 10 de l'Évangile de Jean l'indique. Officiellement, la position calviniste peut être exposée de la façon suivante :
Jésus sacrifie sa vie pour ses brebis.
Jésus ne perdra aucune de ses brebis.
Beaucoup n'obtiendront pas la vie éternelle.
Par conséquent, la position calviniste est que Jésus n'est pas mort pour tous, mais seulement pour ceux que le Père souhaite sauver.
En outre, dans sa prière sacerdotale (Jean 17), Jésus prie pour la protection et la sanctification de ceux qui ont cru en lui, et il exclut explicitement prier pour tous : « C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi. » Dans l'Épître aux Éphésiens, Paul enseigne aux anciens de « paître l'Église du Seigneur, qu'il s'est acquise par son propre sang », et il déclare dans sa lettre à la même Église que le « Christ a aimé l'Église, et s'est livré lui-même pour elle. » De même, Jésus prédit qu'il sacrifiera sa vie « pour ses amis », et un ange dit à Joseph, le père nourricier de Jésus, que celui-ci « sauvera son peuple de ses péchés ». Les calvinistes pensent que ces passages démontrent que Jésus est mort pour l'Église (c'est-à-dire les élus) seulement.