Les doctrines classiques de la simplicité et de l’impassibilité divine sont des affirmations fondamentales de la théologie chrétienne historique. Bien qu’elles puissent paraître abstraites, elles répondent de manière directe à plusieurs confusions contemporaines au sujet de Dieu, en particulier face à l’antinomisme, au légalisme, ou encore à une compréhension instable de la grâce dans l’alliance.
Dieu simple et entier
La simplicité divine signifie que Dieu est indivisible dans son être. Il n’est pas la somme de ses attributs, mais il est chacun d’eux tout entier. Son amour n’est pas séparé de sa justice, sa grâce n’est pas un correctif à sa sainteté : tout ce qu’Il est, Il l’est tout entier, tout le temps.
Comme le formule Bavinck :
> « En Dieu, il n’y a ni composition ni changement. Toutes ses perfections sont identiques à son être même ; elles ne sont pas des qualités ajoutées à Dieu, mais sont Dieu lui-même. »
(Dogmatiek, II.176 ; trad. Les œuvres magnifiques de Dieu, éd. Excelsis)
Cela signifie que Dieu est parfaitement un, et que ses actions dans le temps ne sont jamais en tension avec ce qu’il est éternellement. Il n’est pas tantôt miséricordieux, tantôt juge : Il est toujours pleinement et parfaitement les deux, dans une unité d’essence inaltérable.
Un Dieu immuable et impassible
L’impassibilité divine, en lien direct avec cette simplicité, affirme que Dieu ne subit pas des émotions comme les créatures. Il n’est pas sujet à des altérations internes causées par des événements externes. Il ne fluctue pas entre la colère et l’amour, la patience et l’irritation.
Cela ne signifie pas qu’il est froid ou distant, mais que ses affections sont parfaitement pures, constantes, libres, et souveraines. Il aime sans passion démesurée, et juge sans perte de contrôle. En Dieu, l’amour ne nie jamais la justice, et la justice n’oblitère jamais l’amour.
La Confession de foi baptiste de 1689 le dit clairement :
> « Le Seigneur notre Dieu est un Dieu unique, vivant et vrai ; dont l’être est en lui-même et par lui-même ; infini en son être et en sa perfection ; […] immuable, immense, éternel, incompréhensible, tout-puissant, infini en tout ce qu’il est, d’une pureté très pure, invisible, […] aimant, longanime, miséricordieux, bon, véritable, et pardonnant l’iniquité, la transgression et le péché ; le rémunérateur de ceux qui le cherchent diligemment, et néanmoins très juste et terrible dans ses jugements, haïssant tout péché. »
(1689, chapitre 2, §1)
Une réponse aux fausses dichotomies
Ces vérités offrent une réponse profonde à plusieurs impasses :
L’antinomisme, qui détache l’amour de Dieu de sa justice, oubliant que la croix est le lieu où ces deux perfections se rencontrent pleinement.
Le légalisme, qui suppose que Dieu modulerait sa faveur selon nos œuvres, comme si sa disposition envers nous dépendait d’une performance.
Mais Dieu ne change pas. En Christ, il a toujours aimé son peuple d’un amour éternel, fondé sur sa propre nature et non sur leur mérite.
Une consolation dans l’alliance
Le croyant peut donc vivre avec assurance : Dieu ne devient pas favorable en réponse à l’alliance, Il est favorable parce qu’il l’a souverainement établie. La croix n’a pas changé Dieu, elle a manifesté le dessein éternel du Dieu simple, immuable et compatissant.