Alors tous l'abandonnèrent et prirent la fuite (Mc 14.50).
Nous aurions pris cela pour un échec. Etait-ce un échec ? Nous savons que non.
Cela est lié à la nature de l'Evangile
L'Evangile est une lumière qui dérange (cf. Jn 3.19). Il est une bonne nouvelle, mais pour la recevoir, il faut passer par la case 'échec'. Tout le monde n'y est pas prêt.
C'est pour cela qu'il est une odeur de vie pour certains, mais une odeur de mort pour d'autres (2 Co 2.16) ; une pierre d'angle pour certains, et une pierre d'achoppement pour d'autres (Ro 9.32-33). Les termes sont forts !
Cela rappelle le Prologue de Jean : La lumière est venue dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont pas reçue1. Mais à ceux qui l'ont reçue...
Grande est la tentation, aujourd'hui, de rendre l'Evangile sympa (sucré)2 pour tout le monde, quitte à le dénaturer. Comme dans la publicité...
L'homme est un être social
Il aime être tranquille quand il en a envie, mais il a aussi besoin d'un environnement familier. En un sens, c'est vital pour lui – et personne ne dirait que c'est une mauvaise chose en soi. Le sentiment de solitude peut donc constituer une sérieuse épreuve3.
Jésus avait prévenu ses disciples : Je vous ai choisi du milieu du monde. A cause de cela, le monde vous hait4. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n'est pas plus grand que son maître ? S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre (Jn 15.19-20).
Remarquez la similitude entre la situation du Seigneur et celle du chrétien.
Remarquez aussi que Jésus ne noircit pas le tableau : Ils garderont votre parole.
Jésus n'a pas été détesté par tout le monde. Mais on a cherché à le faire mourir et beaucoup – presque tous – l'ont abandonné. Vous n'avez pu veiller une heure avec moi, dit-il à ses disciples (Mt 26.40). Cela n'est pas facile à comprendre pour nous.
L’incompréhension
Sans qu'il soit toujours question de rejet ou de haine, il peut y avoir simplement de l'incompréhension. Jésus l'a vécu. Quand il avait 12 ans, Jésus a déjà été confronté au sentiment de solitude : il explique à ses parents qu'il doit s'occuper des affaires de son Père, mais ses parents ne comprirent pas ce qu'il disait (Lc 2.50).
Cela s'est reproduit d'innombrables fois, y compris parmi ses disciples. Ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait (Jn 10.6). Si cela est arrivé à Jésus, cela peut bien nous arriver également ! On le voit bien lors de la rencontre de Jésus avec la femme samaritaine.
Cette incompréhension ne devrait pas trop nous étonner. C'est un miracle de comprendre l'Evangile. C'est Dieu qui ouvre le cœur et l'intelligence.
Ce sentiment d'incompréhension est sans doute particulièrement douloureux au sein de la famille. Quand j'étais à Ouagadougou, on m'a dit que certaines femmes musulmanes se convertissent à la foi chrétienne et que leur mari ne le sait pas...
L’hostilité
D'autres fois, il n'y a pas seulement de l'incompréhension, il y a de l'hostilité. Celle-ci peut s'exprimer de diverses manières, selon les personnes, selon le contexte : moquerie, intimidation, menaces... Dans certains cas, pour éviter l'inconfort ou le risque, certains peuvent être tentés de ''faire alliance'', pour avoir la paix, pour ne pas se sentir seuls. Y compris à s'asseoir sur le banc des moqueurs (Ps 1.1)5 !
Je pense souvent à la situation d'un enfant de chrétiens dans la cour de l'école. Sera-t-il capable de dire à ses camarades : Oui, oui, oui ; mais là non ? Pas toujours non, bien sûr ; mais pas toujours oui. Si d'autres font comme lui, ce sera moins dur. Mais s'il est seul ? Cela est vrai aussi pour un adulte lors d'une fête ou sur son lieu de travail.
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Il ne s'agit pas, pour le chrétien, de s'isoler, de se retirer. Il s'agit seulement d'accepter de vivre à certains moments un sentiment de solitude. Disons que cela est plus facile pour certains que pour d'autres. Ce sera la marque de la maturité6.
Cela nous parle, bien sûr, de l'importance de se retrouver entre chrétiens !