Voyant la foule, Jésus fut ému de compassion pour elle, parce qu'elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont pas de berger (Mt 9.36).
Après la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, nous avons entendu s'exprimer des sentiments de désolation et des sentiments de colère de la part de chrétiens (pas seulement de chrétiens, d'ailleurs). On peut le comprendre. C'est mieux que de s'associer aux moqueurs et de dire : On a passé un bon moment !
Remarquons qu'il y a ici une question de tempérament. Pour certains, la colère se tient ''tapie à la porte'' ; pour d'autres c'est la tristesse1.
1. Se mettre en colère ?
La colère n'est pas toujours un péché. Elle peut être le reflet de l'irritation de Dieu lui-même face à certaines situations (Cf. Jr 15.17 ; Ro 1.18). Jésus l'a vécu (Mt 21.12). Paul écrit que la colère est parfois légitime2, mais qu'elle doit connaître une limite dans son intensité et dans sa durée (Ep 4.26).
La colère, en effet, est mauvaise conseillère ; elle ne doit pas s'installer. Elle ne doit pas être notre inspiratrice. La colère rend sourd, comme le militantisme ou l'activisme. C'est pour cela que l'intitulé de notre sujet porte la mention : ni indifférents, ni militants. Cela revient à évoquer la juste distance qui implique une forme d'intelligence.
Se tenir trop loin produit l'indifférence : on se surprotège. Ce n'est pas la position du chrétien : pour être témoin de Jésus-Christ, nous devons aussi être témoins de ce qui se passe, de ce que vivent les autres autour de nous.
Mais prendre trop à cœur une cause risque d'être motivé par des sentiments excessifs, de colère notamment. Ils ne décolèrent pas, entend-on à la radio lors de reportages. Cette position est risquée car elle expose à commettre des injustices3.
Ces remarques nous invitent à parler avec douceur (Ga 6.1 ; 2 Tm 2.25 ; 4.2 ; 1 Pi 3.15), ce qui ne signifie pas sans autorité. C'est la vérité qui agit !
Si nous regardons nos propres vies (la poutre dans mon œil), sans doute y trouverons-nous plus de raisons d'être attristés que d'être en colère (Ps 51.19 ; Jc 4.8-10).
Laissons la colère à Dieu ! (Ro 12.19-21)
Doit-on empêcher la colère de s’exprimer ? Non. Mieux vaut l’aider à s’exprimer ; mieux vaut l’accompagner.
2. Et l'affliction ?
Jésus l'a connue. Si le Saint-Esprit peut être attristé (Ep 4.30), nous pouvons l'être, nous aussi. Le Psaume 137 raconte la tristesse des Israélites exilés : Aux saules de la contrée nous avions suspendu nos harpes...
L'apôtre Pierre laisse entendre que la souffrance et la tristesse qui en résulte ne devraient pas surprendre le chrétien. Lot tourmentait journellement son âme juste à cause de ce qu'il voyait et entendait de leurs œuvres criminelles (2 Pi 2.8). Ne soyez pas surpris, écrit-il encore, comme d'une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver (1 Pi 4.12).
Certain sont tentés de croire un mensonge : ils pensent qu'ils sont les seuls à souffrir comme cela, que personne ne peut les comprendre. L'apôtre Pierre écrit : Sachez que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde (Hé 11.36-40 ; 1 Pi 5.9).
Nous ne sommes pas les premiers à connaître la tristesse dans ce monde. Cela doit constituer pour nous un encouragement. Il suffit que cette tristesse, pas plus que la colère, ne s'installe dans notre cœur, ne prenne toute la place (Mt 2.18).
3. Toujours joyeux ?
On a souvent dit que le chrétien devait être toujours joyeux. Je ne suis pas certain que ce soit l'image que Jésus ou Paul aient donnée.
Jésus est décrit comme un serviteur méprisé des hommes, habitué à la souffrance (Es 53.3). Il a dit, un jour : Mon âme est triste jusqu'à la mort (Mt 26.38). Paul écrit : Nous gémissons dans cette tente (2 Co 5.2). Il dit 'nous' et utilise le présent, c'est-à-dire qu'il s'agissait d'une situation durable...
Il est plus juste de dire qu'ils n'étaient pas sans joie ! Ce sera le sujet de notre dernière méditation.
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