Il est facile d’admirer Martin Luther comme le géant de la Réforme, l’homme intrépide qui osa défier la corruption religieuse de son temps. Mais derrière l’image du héros de la foi se cache un homme qui, comme nous tous, a connu la peur et la nuit où Dieu semblait absent.
En 1527, alors que la peste ravageait Wittenberg, Luther resta auprès des malades et de son Église. Sa propre fille Elisabeth tomba malade, et dans son journal il écrivit : « Je suis au bord du désespoir. Satan jette des pensées terribles dans mon cœur… parfois je sens que mes prières ne dépassent pas le toit. » Derrière la force du réformateur se cachait un cœur brisé.
Ces paroles nous rappellent une vérité essentielle : même les plus grands hommes de Dieu ont connu des moments où leur foi a vacillé. Élie s’écria : « C’en est assez ! » (1 Rois 19:4). Jérémie demanda : « Pourquoi ma douleur est-elle continuelle ? » (Jérémie 15:18). Paul avoua : « Nous étions accablés à l’extrême, au point que nous désespérions même de conserver la vie. » (2 Corinthiens 1:8).
Pourquoi Dieu permet-il ces nuits noires ? Pour que nous apprenions à ne pas nous appuyer sur nos forces, mais sur Christ seul. Luther l’a compris : ce n’était pas sa théologie, ni son courage, mais Jésus-Christ, son rempart inébranlable.
C’est un rempart que notre Dieu
De cette lutte intérieure est né l’un des hymnes les plus puissants de l’histoire : « C’est un rempart que notre Dieu. » Ce cantique n’est pas le fruit d’une victoire facile, mais de larmes et de prières douloureuses. Luther y proclame : « Seuls, nous bronchons à chaque pas, mais un héros dans les combats pour nous lutte sans cesse… »
Le véritable héros n’était pas Luther, mais Christ. Voilà le secret des chrétiens qui tiennent ferme : ils savent que ce n’est pas leur main qui les soutient, mais celle du Seigneur.
Quand l’ennemi rugit
Toute la vie de Luther fut menacée : Rome voulait sa tête, l’Empereur le déclara hors-la-loi. Pourtant il s’appuya sur cette vérité : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Romains 8:31).
Dans nos faiblesses, Satan souffle ses mensonges : « Tes prières sont inutiles. Tu es abandonné. » Mais la victoire ne repose pas sur nos émotions, elle repose sur la croix. Même quand nos prières semblent bloquées, Christ les recueille devant le trône du Père (Apocalypse 8:4).
Le rocher inébranlable
Luther chanta encore : « Ta Sion brave les enfers, sur le rocher assise. » Ce rocher, c’est Jésus-Christ. Il a promis : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » (Matthieu 16:18).
L’Église n’est pas bâtie sur les réformateurs, ni sur les pasteurs, mais sur Christ seul. Voilà pourquoi ni les persécutions ni les prisons n’ont pu l’anéantir. Voilà pourquoi Luther, au cœur de sa nuit noire, pouvait encore proclamer : « Dieu est notre refuge et notre force, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. » (Psaume 46:1).
Quand tout nous est enlevé
Luther écrivait encore : « Qu’on nous ôte nos biens, qu’on serre nos liens, qu’importe ? Ta grâce est la plus forte. » Tout peut nous être arraché – santé, richesses, liberté – mais Christ demeure. Job s’écria : « L’Éternel a donné, l’Éternel a ôté ; que son nom soit béni. » (Job 1:21). Paul, depuis sa prison, confessa : « Christ est ma vie, et la mort m’est un gain. » (Philippiens 1:21).
Peut-être traversez-vous aujourd’hui la même nuit que Luther. Vos prières semblent se heurter au ciel, vos forces déclinent, l’ennemi rugit. Mais rappelez-vous : ce n’est pas vous qui devez gagner la bataille – c’est Christ en vous. Le Héros du combat n’a jamais perdu une guerre.
Le mot victorieux
De sa nuit de larmes est né un chant qui, cinq siècles plus tard, continue d’encourager des millions. Voilà ce que Dieu fait avec nos ténèbres : Il les transforme en lumière, nos larmes en louange.
Luther écrivait : « Pour briser son empire, il suffit d’un mot du Dieu fort. » Ce mot, c’est la croix. C’est le cri du Christ : « Tout est accompli ! » (Jean 19:30).