mardi 30 septembre 2025

«Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit.»
‭‭1 Corinthiens‬ ‭6‬:‭12‬ ‭LSG‬‬

Ce versets issue de la Première Épître de Paul aux Corinthiens est un pilier de l'éthique chrétienne, car elle établit un équilibre essentiel entre la liberté en Christ et la responsabilité spirituelle.

Voici la portée de ce verset :

I. Le Contexte à Corinthe : Une Libération Mal Comprise

Pour comprendre le verset, il est crucial de se rappeler le contexte de la ville de Corinthe et de l'Église qui s'y trouvait. Corinthe était un grand centre commercial, connu pour sa richesse, son pluralisme philosophique et, malheureusement, sa grande immoralité (le verbe « corinthianiser » était synonyme de vivre de manière dissolue).

L'apôtre Paul s'adresse ici aux chrétiens de Corinthe qui utilisaient peut-être le principe de leur liberté spirituelle pour justifier des comportements douteux, notamment concernant la nourriture sacrifiée aux idoles (abordée plus tard au chapitre 10) et l'immoralité sexuelle (le sujet immédiat du chapitre 6).

La phrase « Tout m’est permis » était vraisemblablement un slogan que les Corinthiens libéraux utilisaient pour affirmer leur affranchissement des anciennes lois et restrictions. Paul ne conteste pas la vérité théologique de ce slogan – en Christ, le croyant est libre du fardeau de la Loi mosaïque – mais il y ajoute deux qualifications fondamentales.

II. La Première Restriction : L'Utilité (l'Avantage)

« Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; »

La liberté sans filtre mène souvent au chaos, même pour des choses moralement neutres. 

Paul introduit ici le critère de l'utilité ou de l'avantage (sympherō en grec, signifiant "porter ensemble, être profitable").

 * Le critère personnel : Est-ce que cette action contribue à ma croissance spirituelle ? Est-ce qu'elle me rapproche de Dieu ? Est-ce qu'elle me rend plus mature en Christ ?

   * Exemple : Regarder un film est permis, mais passer huit heures par jour devant des séries télévisées n'est probablement pas utile si cela vous détourne de responsabilités, d'une étude de la Bible, ou d'un engagement envers votre famille.

 * Le critère communautaire (l'édification) : L'apôtre développera encore ce point au chapitre 10, où il demande si l'action édifie (construit) les autres. Une chose permise peut devenir nuisible si elle scandalise ou fait trébucher un autre croyant plus faible dans sa foi.

   * Exemple : Boire un verre d'alcool est permis pour la plupart des chrétiens, mais si le faire en public cause de la détresse ou de la tentation à un ancien alcoolique au sein de la communauté, ce n'est pas utile dans le contexte de l'amour fraternel.

La vraie liberté ne cherche pas seulement l'absence d'interdiction, mais la présence de ce qui est bénéfique et constructif.

III. La Seconde Restriction : 
L'Affranchissement de l'Asservissement

« tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit.»

C'est la qualification la plus personnelle et la plus puissante. Paul affirme que l'abus de la liberté mène paradoxalement à l'esclavage. Une personne peut utiliser sa liberté pour commencer une pratique (nourriture, loisir, usage d'Internet), mais si cette pratique devient une force de domination dans sa vie, elle a perdu sa véritable liberté.

 * Le danger de la dépendance : Paul, en utilisant le terme « asservir » (ou « être sous le pouvoir »), met en garde contre toute forme de dépendance qui prend le contrôle de la volonté.

   * Exemple : 

L'usage des réseaux sociaux est permis. Mais si l'on se sent obligé de vérifier constamment son téléphone, si cela génère de l'anxiété ou si cela nuit à l'attention portée aux personnes réelles, l'individu est devenu l'esclave de l'outil numérique.

   * Exemple : 🍽️ 

Manger est permis. Mais le glouton qui ne peut pas contrôler son appétit est asservi par ses désirs corporels.

Pour Paul, le croyant a été acheté à un grand prix (le verset 20 du même chapitre dit : « vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu. »). Par conséquent, il appartient à Christ, et rien d'autre ne doit le dominer. Être asservi par une habitude ou une substance est une trahison de l'esclavage volontaire et joyeux envers Christ.

Conclusion

Le verset de 1 Corinthiens 6:12 est un chef-d'œuvre de la théologie pratique. Il nous enseigne que la liberté en Christ n'est pas une licence pour l'hédonisme ou l'égoïsme, mais un appel à l'autonomie spirituelle et à l'amour responsable. 

Notre boussole doit toujours être double :

 * L'Utilité/Édification : Mon action est-elle bénéfique pour moi et pour les autres ?

 * La Maîtrise de Soi : Est-ce que je contrôle mon action, ou est-ce qu'elle me contrôle ?

En appliquant ces deux critères, le chrétien exerce sa liberté non pas pour son propre plaisir immédiat, mais pour la gloire de Dieu et le bien du prochain.

🤔🕊️🙌🙏