... Dans mon expérience, essayer d'être bon, ou simplement de paraître bon, ne m'a jamais libéré comme la vérité l'a fait. Combien de fois ai-je substitué l'apparence de la vertu à l'authenticité véritable ? Combien d'efforts dignes d'un super-héros ai-je déployés pour éviter un simple moment de vérité ?

Et puis arrive ce moment où nous n'avons plus d'options. Peut-être que quelqu'un d'autre découvre notre secret. Peut-être que nous sommes simplement trop épuisés pour continuer la comédie. Dans ces instants, la vérité semble prête à nous écraser et elle le fait. Elle nous écrase totalement.

Mais voici le paradoxe que j'ai découvert : au moment précis où la vérité nous écrase, elle nous reconstruit aussi. Pas comme nous étions avant, avec nos façades soigneusement entretenues, mais comme quelque chose de plus réel, de plus solide. Comme si les fragments brisés se réassemblaient selon un nouveau motif plus authentique, plus humain.

Quand Jésus a dit "la vérité vous rendra libres", je pense qu'il parlait précisément de cette dynamique. Pas une vérité abstraite, théologique, sûre. Mais une vérité concrète, personnelle, dangereuse. La vérité sur qui nous sommes vraiment. La vérité sur nos échecs, nos blessures, nos addictions, nos peurs.

C'est peut-être cela, la véritable grâce : non pas nous protéger de la vérité, mais nous permettre de survivre à son impact et de ressortir enfin, véritablement nous-mêmes.

Philippe Tarabon

Photo: Bruce Davidson