« Oh ! si tu déchirais les cieux, et si tu descendais… » (Ésaïe 63:19)
Au fond de chaque cœur humain, il y a un cri que personne n’enseigne, mais que tous portent. Un cri silencieux, parfois étouffé par la fatigue, parfois noyé dans les larmes : « Seigneur, interviens ! »
Oui, au fond de nous, il y a une attente. Et au fond de cette attente, une espérance qui refuse de mourir.
Nous regardons les cieux sombres de notre époque : des nuits sans étoiles, des vies brisées, des souffrances qui nous dépassent. Nous pensons à ce frère, à cette sœur, dont la douleur nous laisse démunis. Et alors monte cette prière : Déchire le ciel, Seigneur !
Déchire le ciel des regrets, le ciel des abandons, le ciel des révoltes muettes et des renoncements fatigués. Déchire ces ciels froids qui pèsent sur l’humanité comme un hiver sans fin.
Mais celui qui espère a un devoir : veiller.
Lorsque Jésus dit : « Veillez », Il parle à des disciples qui vont bientôt voir leur monde s’effondrer. La croix va briser leurs attentes, anéantir leurs certitudes. Et pourtant, Jésus veille déjà sur leur espérance. Il sait que la nuit n’est pas la fin. Il sait que la mort n’aura pas le dernier mot.
« Veillez », leur dit-Il, comme pour graver dans leurs âmes que ce qui vient n’est pas une défaite, mais un passage.
Veiller, ce n’est pas attendre passivement. Veiller, c’est refuser de laisser sa lampe s’éteindre. C’est garder de l’huile quand la nuit s’épaissit. C’est laisser Dieu utiliser nos dons, même fragiles. Veiller, c’est tendre une main, offrir un sourire, prier quand les mots manquent. Veiller, c’est se tenir prêt à l’inattendu de Dieu.
En cette nuit du monde, alors que les cris de la guerre et de l’angoisse montent de tant de nations oubliées, Jésus nous redit : Veillez.
Car bientôt, nous nous pencherons encore sur un berceau humble, dans une étable rejetée. Et au fond de nous, nous le savons : cet enfant fragile bouleverse l’histoire, arrache l’humanité au néant et ouvre les portes du Royaume.
Nous veillons parce que nous espérons.